Le réchauffement climatique fait errer les ours polaires sans nourriture dans une ville aux confins de l'Arctique

Dans une ville de l'Arctique canadien - où le réchauffement climatique est trois fois plus rapide que dans d'autres régions du monde - de plus en plus d'ours polaires errent affamés à cause de la fonte des glaces. Cependant, la pauvreté met au second plan les préoccupations liées au changement climatique qui dévaste la planète et menace les espèces en péril. Apprenez-en davantage sur ce qui se passe dans cette ville située à l’entrée de l’Arctique, considérée comme la « climatisation du monde » pour les climatologues.

Le maire de Churchill, soucieux du potentiel minier et du tourisme local, se félicite de la hausse des températures dans la région. Selon lui, « ce sont aussi des opportunités de croissance économique pour la population locale ».

PUBLICITÉ

  • Churchill est une colonie isolée située sur la côte de la baie d'Hudson, au Canada, où le réchauffement climatique est 3 fois plus rapide que dans d'autres régions du monde et où les glaces disparaissent progressivement.
  • En déclin depuis les années 80, la population d'ours polaires de la ville compte aujourd'hui 800 individus : autant qu'il y a d'humains dans la ville.
  • Le réchauffement climatique réduit les périodes de gel dans la région et oblige les ours polaires à rester plus longtemps sur terre. Souvent affamés et faibles, ils se rapprochent de plus en plus des centres urbains.

La situation dans Churchill reflète ce que disent les études scientifiques : le réchauffement climatique met en péril les espèces arctiques, notamment en ouvrant la porte à d’autres animaux du Sud.

David Daley, un éleveur de chiens de traîneau né à Churchill, a de plus en plus de mal à reconnaître ce monde autrefois familier.

« La Terre Mère nous punira pour tous les dégâts que nous causons à notre planète », dit-il.

Ours polaires - source : Reproduction/Unsplash
Unsplash

Chaque année, Daley craint l’arrivée de la neige de plus en plus tardive. « Mes chiens attendent l'hiver, comme nous tous », dit-il. "C'est courant dans une culture en voie de disparition."

PUBLICITÉ

Ours polaires

Aventure là-bas cela nécessite certaines précautions : un fusil, un chasse-ours et la nécessité de marcher en groupe la nuit tombée ou par mauvaise visibilité. Tout le monde a une histoire à raconter sur les ours polaires.

Pour Daley, les humains « n’ont pas d’autre choix » : ils doivent « s’adapter » comme les animaux sont obligés de le faire. La ville dispose de nouveaux radars capables de détecter les ours à deux kilomètres des maisons les plus éloignées, même la nuit et dans le brouillard.

« Je ne me souviens pas, en tant que fille, de m’être sentie en danger pendant l’été. Aujourd’hui, c’est différent, mes enfants ne peuvent plus jouer sur les rochers le long de la côte comme avant », explique Danielle, la fille de Daley, 33 ans.

PUBLICITÉ

Population vulnérable

Le chômage, la précarité du logement et la discrimination font que la question climatique n'est pas la principale urgence aux yeux de nombreux habitants de ce quartier. À Churchill, 64 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté.

60 % de la population est autochtone (Inuits, Cris, Dénés, Métis), alors qu'au total, leur nombre au Canada n'est que de 5 % et au Manitoba, de 18 %.

  • Biodiversité et peuples autochtones

Dans leur bulletin de mars, les experts climatiques de l'ONU affirmaient déjà que la connaissance de la réalité de ces personnes devait être prise en compte dans la lutte contre le changement climatique.

PUBLICITÉ

En novembre, lors de la COP27, le sommet de l'ONU sur le climat en Égypte, certains militants feront pression pour des politiques qui prennent en compte les pratiques ancestrales autochtones, car ses terres abritent 80 % de la biodiversité mondiale. Daley rêve d'un nouveau départ.

« Nous devons, en tant que peuples autochtones, mener la réconciliation avec notre mère, la Terre », dit-il.

Intérêt économique

«Il faut chercher les aspects positifs dans tout cela», déclare le maire de Churchill, Michael Spence, membre du peuple autochtone cri.

La présence accrue des ours polaires attire désormais quelques milliers de touristes chaque année dans ce coin reculé du Manitoba, inaccessible en voiture.

Port de Churchill/WikiCommons

Le maire rêve de transformer Churchill en un port pour la culture des céréales dans des zones de plus en plus septentrionales et éventuellement minéraux, qui pourrait être exploité dans le Grand Nord canadien, notamment grâce au dégel.

PUBLICITÉ

(Avec AFP)

Lire le rapport complet sur UOL.

Faire défiler vers le haut